top of page

Le Pavillon de l’Arsenal fut longtemps le sanctuaire de la mémoire architecturale de la Ville de Paris.
Un lieu à la structure métallique claire et puissante, où l’enveloppe moderniste semblait contredite par un mode de stockage plus proche de l’empilement que de l’archivage ordonné.

Cet anachronisme – entre la force du contenant et l’abandon du contenu – m’est apparu comme l’image même d’un temps suspendu.
Un bâtiment ancien, saturé d’espoirs de création et de rénovation, figé dans une lente désagrégation. Ici, le futur semblait avoir cessé d’advenir.

Mon intention n’a pas été de documenter les dossiers, alignés tant bien que mal, mais de saisir l’esprit du lieu.
De capter ce qui s’en dégage : une atmosphère de répétition, de ressac, de respiration lente comme celle du temps qui passe, que seule la photographie peut enregistrer.

Les images, par leurs angles et leurs retours, créent un rythme, une musicalité visuelle.
Elles donnent à voir les passages, les allers-retours entre les rayonnages – ces rangées qui reçoivent et rejettent, vomissent parfois, les plans abandonnés, glissés au sol.

Je suis passé et repassé dans cette architecture puissante,
Dans ce lieu silencieux où rien ne bouge,
Où tout semble mourir doucement, inexorablement.

Parfois, on croit pouvoir croiser un lémure au détour d’un angle –
Un esprit des lieux prêt à nous conter son histoire :
Celle de ces dossiers déposés comme des offrandes, devenus archives, devenus oubli.

Quelques traces humaines subsistent, vibrantes,
Révélant que ces lieux ont été traversés par le souffle d’un espoir :
Celui d’inventer l’architecture de nos vies.

Et c’est là, dans cette tension entre réalité brute et suggestion, que la photographie trouve son pouvoir.
Elle ne montre pas simplement ce que l’œil a vu,
Mais ce que l’âme a perçu, ce que le silence a dit.

Car l’image d’une chose n’est jamais cette chose.
Elle est ce qu’elle devient en se transformant :
Une autre chose appelée photographie.

The Pavillon de l’Arsenal was once the sanctuary of Paris’s architectural memory.
A place with a clear and powerful steel structure, where the modernist shell seemed at odds with a method of storage closer to piling than to proper archiving.

This anachronism — between the strength of the container and the neglect of its contents — appeared to me as the very image of time standing still.
An old building, saturated with hopes of creation and renovation, frozen in slow disintegration. Here, the future seemed to have ceased arriving.

My aim was not to document the folders, stacked haphazardly, but to capture the spirit of the place.
To seize what emanates from it: a mood of repetition, of ebb and flow, of slow breathing — the kind that only photography can record.

Through their angles and returns, the images create rhythm — a visual musicality.
They reveal the passages, the back-and-forth between rows — those shelves that receive and reject, sometimes even vomit the forgotten plans, letting them slide to the floor.

I walked back and forth through this powerful architecture,
Through this unmoving place,
Where everything seems to die slowly, inevitably.

At times, one feels close to crossing paths with a lemurian ghost,
A spirit of the archives, ready to recount the story of this place:
A story told through the comings and goings of documents,
Through their deposit, their archiving — their quiet execution.

Some human traces remain, still vibrant,
Reminding us that these spaces once held hope:
The hope of designing the architecture of our lives.

And it is in this tension — between raw reality and suggestion — that photography finds its power.
It does not merely show what the eye has seen,
But reveals what the soul has received, what silence has spoken.

For the image of a thing is never the thing itself.
It is what it becomes, in becoming something else:
Another thing, called photography.

  • Instagram
  • Facebook

Mise à jour Septembre 2025

bottom of page